Les lumières de la ville

Publié le par MiDoRé

Une soirée de plus passée avec mes joyeux larrons. Je rentre du Bairro Alto, il est 3h00. Bus 207. Un type vient d'allumer une cigarette. Il embaume la connerie, mais tout le monde feint de ne pas le voir, sauf ses amis. Me voilà à Picoas...Saldanha..."Proxima paragem"...Le mien.


Comme je l'ai déjà dit, le temps qui m'était donné ici touche à sa fin. Et plus encore, des centaines d'étudiants vont prendre le chemin du retour entre ce mois-ci et juillet.


Plus proche de moi (et de nous), Erica, ma colloc' chinoise, s'en va lundi. Elle va rentrer chez elle, se resourcer durant quelques mois. J'ai eu des conversations très éclairantes sur le point de vue chinois. Notamment sur le fait de savoir comment le gouvernement parvient à maintenir les classes moyennes et riches encore sous contrôle. Malgré la censure, la police politique, les ravages écologiques, sociaux et économiques causés dans les campagnes au profit des villes et des patrons qui, grâce aux migrations forcées, récupèrent de la main-d'œuvre à bas prix. Je me souviens qu'elle ait reconnu les faits. Je riais jaune en lui parlant de 1984, lui montrant une représentation de régime totalitaire et qu'elle me répliquait dans un français hésitant : "ça c'est une dictature, c'est dangereux...". Je lui demandais si elle ne trouvait pas de point similaire avec la gouvernance du parti unique en Chine. Silence gêné...Les chiffres de la croissance sont présentés comme l'ultime argument de réussite de ce système.

Mais l'idée a fait son chemin. Hier, elle me présentait une vidéo qui circulait depuis quelques heures sur le réseau chinois. On y voyait les massacres de Tian'anmen. Ces vidéos étaient interdites depuis...toujours ! La date du 04/06  et ces chiffres étaient prohibés. On voulait faire disparaître l'évènement. Après tout, s'il avait disparu, comment aurait-il pu exister ? Vous voyez où je veux en venir...

On ne parle pas assez chez nous des violentes répressions en ce moment là-bas. Les voix des pays du Maghreb et du Proche-Orient ce sont faites entendre jusque dans l'antre du dragon. Elles y ont même des échos.

Erica va rentrer chez elle. Elle se taira, ou dira tout bas ce qu'elle commence à penser très fort...Peut-être qu'elle se rappellera de nos conversations. Ces moments où j'avais l'impression de parler à un mur. Ce mur avait en fait quelques fissures.

Elle disait elle-même avoir "un esprit d'enfant dans un corps d'adulte". Son esprit d'enfant va mûrir. Être au contact de personnes qui n'ont pas peur d'exprimer leurs idées l'aura finalement amenée à se demander :

 

ou-est-ai-weiwei.jpg

Publié dans Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article