De la misère et des hommes

Publié le par MiDoRé

Comment ne pas rendre compte de nombreux clochards qui zonent dans le quartier. Ils vont de porches en porches, un sac en plastique à la main. Dedans, une bouteille d'un tord-boyaux leur sert de point de repère dans cette vie triste à mourir. Leur boussole les égare plus qu'elle ne les aide. Ils ne le savent peut-être pas.

Celui que je croise tous les jours porte un manteau rouge pâle, des jeans délavés, une barbe de plusieurs mois. Une âme errante, oubliée du monde. Affligé d'une solitude extrême. Le plus souvent, je l'aperçois en allant à Pingo Doce, sorte de Monop'portugais. Je le vois, mais lui semble absent, dans une autre dimension. Pourtant, il observe derrière ses sourcils broussailleux, son air renfrogné, on sent qu'il est là, prêt à manifester sa présence au monde. Mais une force le retient. Une force que l'on peut nommer condition.

Cet homme ne mendie pas comme tant d'autres, vous savez, comme ceux qui vous assaillent à force de formules accrocheuses et agressives du genre « Eh mec, t'as pas une pièce, une clope? »... Alors que tu voudrais leur dire, t'es jeune, bouge-toi le c**, trouve-toi un boulot.

Lui, il est là et sa présence me rappelle qu'avant d'être un individu, je suis un homme et ce qui fait de moi un homme, c'est ma propre estime. Être intègre à soi, voilà tout ce qui compte.

La mendicité est monnaie courante à Lisbonne. Ces dernières années, encore plus qu'avant.

Publié dans Société

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