Érasme, le visionnaire
Plus personne ne lit Érasme. Ses pensées ne sont pourtant pas si absconses, elles traitent de valeurs humanistes dont chacun serait à même de s'en éclairer. Il est même, à mon sens, l'un des pères de l'humanisme. Sur un ton souvent ironique, il fait la critique des moeurs, et notamment de l'Église, de son temps.
Voyageur, il effectua plusieurs séjours loin de ses terres hollandaises : en Angleterre et en Italie, en France ou en Suisse...Pour subsister à ses besoins, il servait comme précepteur. C'est en conciliant ses découvertes, ses études, l'apprentissage des langues, et en se familiarisant avec d'autres cultures qu'il a développé cet esprit critique qui le caractérise.
Je regarde dans l'amphithéâtre où nous sommes, nous, les erasmus. Une bonne quarantaine, venant d'Allemagne, d'Italie pour la plupart. Il y a aussi pas mal de Français, des Néerlandais et des Russes... Bref, tout ce joli monde est là pour vivre une expérience, nous l'espérons, qui changera notre vie. Le coordinateur l'a dit : lui, il a fait Erasmus...parti pour un an aux Pays-Bas, il y est resté plusieurs années... Mais qu'est-ce qu'il y a de si magique pour l'instant ? Mystère...
Voyez : encore plus de paperasse que d'habitude, se dégotter un nouveau logement, réadapter son style de vie, aller vers les autres et reposer 1000 fois les mêmes questions : tu viens d'où ? Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi t'as choisi cet endroit et pas un autre ?
Et pourtant, on se sent comme chez soi. Le monde est à qui veut bien le prendre. Il n'y a qu'à se lancer. Ce n'est pas toujours rose, certes...Laisser un univers confortable derrière soi, ses proches, tout ses petits rituels quotidiens, ses points de repères...Laisser tout ça demande un peu de volonté et de courage. Mais comme le dit si bien l'expression « le jeu en vaut la chandelle ».